Ego conjungo vos in matrimonium, in nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen.
Je vous unis en mariage, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
C’est par ces mots prononcés solennellement par le prêtre que s’unissent devant Dieu et par Dieu l’homme et la femme lors de la cérémonie du mariage, jusqu’à ce que la mort les sépare.
Pourtant, malgré l’éternité proclamée lors de cette cérémonie, le nombre de divorces, de
séparations, de désunions, atteint des proportions pandémiques.
Quel est le remède, quel est le vaccin, à un tel phénomène, dont l’ampleur en fait un phénomène social ?
Cette question ne date pas d’hier et ce n’est pas tant la télévision, Hollywood et ou même le féminisme, qui ont fragilisé les liens sacrés du mariage. Certes, le mariage chrétien est constamment attaqué depuis plus de 70 ans, voire dénaturé, mais le mal à la base de ces désunions est beaucoup plus ancien. Dès le Moyen-Âge, on s’interrogeait sur la façon d’éviter une mésentente pouvant mener à une fracture irrévocable du mariage.
C’est que trop souvent, le mariage chrétien est mal compris et se fonde sur de mauvaises bases, comme on le constate à la lecture d’Instruction sur le mariage, ouvrage initialement paru à Lyon en 1683 et 1687 qui nous offre un panorama de ce qu’est réellement le mariage.
Dans ce texte écrit dans un style qui n’est pas sans rappeler le catéchisme, Pauline se prépare à se marier et questionne sa mère sur ce qu’est ce sacrement, ce qu’il implique et comment s’y préparer. La sagesse étant intemporelle, les enseignements de la mère aimante à sa fille aimée restent toujours aussi pertinents aujourd’hui, peut-être même davantage maintenant que le mariage a été travesti par la société. C’est le meilleur cadeau de mariage à offrir aux jeunes couples qui jettent les assises de leur union; la richesse contenue dans ce livre aura sur eux un effet nettement plus positif qu’une nouvelle coutellerie.
D’entrée de jeu, l’abbé Olivier Rioult met le lecteur du 21ème siècle en garde : « aujourd’hui, le mariage, quand il existe encore, reste un engagement mutuel de l’homme et de la femme mais il est rarement un pacte conclu en présence de Dieu. On s’y engage pour trouver un épanouissement naturel mais on oublie son aspect surnaturel. »
Car oui, le mariage est plus qu’un contrat d’exclusivité ou d’entraide, c’est une « union mystique et sacrée » pour Bourdaloue, « un état très sain et pur » pour Fénélon, le projet surnaturel pour fonder un foyer chrétien pour Saint Paul.
Le mariage fut voulu par Dieu non seulement pour peupler le monde, mais aussi pour remédier à la concupiscence et pour la consolation mutuelle de ses créatures.
Surtout, plus qu’une simple union de deux âmes, c’est la base de la famille et la famille est la base de la société.
On ne peut donc pas prendre cet engagement à la légère ou le contracter sous le coup d’une passion passagère; il faut méditer et prendre le temps de prier pour savoir si la personne choisie est réellement celle avec qui cette union doit être consacrée. Cette compatibilité nécessaire est la raison pour laquelle l’Église s’est toujours opposée aux mariages arrangés ou forcés ou avec des personnes trop jeunes, contrairement à d’autres religions.
Paule nous rappelle la complémentarité de la femme et de l’homme, mais aussi leurs différences, car elles ne sont pas sociales, mais bien innées. Cette altérité se traduit par des rôles et des responsabilités différents au sein du couple, mais aussi au sein du mariage.
Ainsi, le père est à la tête de la famille, exerçant de ce fait l’autorité, n’en déplaise aux féministes modernes. Une barque ne peut être guidée par deux capitaines à la fois, il lui faut une direction claire. Mais le père n’est ni tyrannique, ni tout puissant. Il doit guider son foyer dans la foi et l’amour de Dieu et il finira par rendre des comptes devant Celui qui lui a mandaté cette autorité. Jamais il ne peut en abuser et doit se placer en toute modestie sous la tutelle de Dieu.
On comprend que l’ordre naturel est actuellement bousculé, la femme étant devenue l’égale et la concurrente de l’homme, ce qui ne peut que semer confusion et frictions.
Ce livre foisonne de conseils matrimoniaux tant pour l’homme que pour la femme pour bâtir une union solide et inébranlable. Évidemment plusieurs choses ont changé depuis la Renaissance, mais l’homme est resté homme et la femme est resté femme. La nature humaine étant la même, les conseils sont justes et bons et peuvent guider les décisions, mieux que les passions passagères souvent à l’origine des désunions. L’émotion est mauvaise conseillère.
On appréciera aussi la présentation de la symbolique entourant la cérémonie du mariage, les accessoires, prières et traditions ayant un fondement spirituel qu’on gagne à connaître.
-Marie Groulx
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